#RDVAncestral

4ème #RDVAncestral : 10 septembre 1948

Chaque troisième samedi du mois, il est possible de partir à la rencontre de ces ancêtres. Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature et généalogie. L’idée principal de ce rendez-vous est de partir à la rencontre de ces ancêtres, à l’époque choisi, et d’imaginer la suite. Vous pouvez retrouvez les rencontres de tous les participants sur le site http://www.rdvancestral.com.

« PONCHEL, la porte est ouverte, vite, ouvre l’autre porte et on charge les paquets de sucre ».

J’entends un bruit métallique strident comme une porte qui coulisse.

J’enjambe plusieurs voies de chemin de fer en prenant garde de ne pas me faire repérer et cours me cacher derrière un premier train. D’où je suis, je peux mieux voir la scène. 3 hommes déchargent et chargent, ce que je suppose donc être des paquets de sucre. Je me retourne et derrière moi, au loin, j’aperçois une gare que je connais plutôt bien. J’ai eu la chance d’y être pour mon 2ème #RDVAncestral et m’y revoilà de nouveau. La verrière au dessus du quai de la gare de Châlons-sur-Marne a disparu. La Seconde Guerre Mondiale est alors terminée.

Les 3 hommes prennent des paquets d’un wagon pour les dissimuler dans un autre wagon accroché au train stationné en face. Mais que peuvent-ils bien trafiquer ?

Tout à coup, deux hommes, certainement du service de surveillance des voies, surgissent du bout du train et foncent en direction des 3 hommes. L’un des 3 trafiquants se faufile sous un wagon, passant en dessous du train. Il disparait au loin dans le jour qui commence à descendre.

« PONCHEL et DESON, ben voyons ! Que faites-vous ? Qui était avec vous ? demande le chef.

– Euh et bien nous…. , commence le premier un peu pris de court.

C’est simple, chef GOBERT, coupe le second homme, nos familles sont dans une situation difficile depuis quelques mois, nous n’avons plus les moyens de pouvoir nous nourrir correctement, nous prenions quelques paquets de sucre pour subvenir à nos besoins. »

Sa silhouette ne m’était déjà pas inconnue, mais en entendant sa voix, j’en suis certainement maintenant ! C’est mon pépère ! Raymond Jean DESON né le 14 février 1921 à Aubenton (Aisne), il s’agit de mon grand-père maternelle que j’ai bien connu.

« Nous avons des femmes et des enfants à nourrir… renchérit PONCHEL.

Balivernes ! conclu le Chef GOBERT. Vous espérez vraiment que je vais gober votre histoire ! Qui était avec vous dans cette combine ?

Nous n’étions que tous les 2, affirme Raymond.

Ne commencez pas à vous moquer de moi ! ordonne GOBERT.

En fait, c’est tout simple, nous allons vous expliquer. Nous avons dû retirer ces paquets du wagon pour que nous puissions réenrailler la porte latérale qui a déraillé d’un galet. Ils gênaient. Nous allions évidement les replacer dans le wagon une fois la porte remise dans son rail, dit PONCHEL.

Je regarde mon pépère, un peu amusée, en train de se décomposer. Lui qui était si malin et droit, il doit être bien énervé de s’être fait pincer ! A entendre cette deuxième version de l’histoire, il y a peu de chance que les deux acolytes s’en sortent sans rien.

De mieux en mieux ! Et vous DESON, vous confirmez ces dires bien sûr ? questionne GOBERT.

Oui oui, il fallait que nous remettions correctement la porte. Nous aurions rechargé les sacs dans le wagon après, même si nos familles auraient été heureuse d’avoir un peu de sucre. Mais notre volonté première n’était pas de les subtiliser… lui réponds Raymond.

Ben voyons ! S’exclame GOBERT. De toute façon, je n’ai pas le choix, je dois signaler vos agissements. Suivez-moi, je vous conduis au bureau du PCT pour qu’il décide de votre sort.

Avec tout le respect que je vous dois, il est hors de question que je vous suive, affirme catégoriquement Raymond.

Moi non plus, ajoute PONCHEL.

Le Chef GOBERT se retourne vers l’homme qui le secondait et lui demande de bien vouloir surveiller les 2 suspects et les paquets de sucre pendant qu’il file au bureau du Chef du PCT. Puis il part en vitesse en direction des bâtiments de la gare de triage, à l’opposé de la gare de voyageurs.

Les 2 acolytes se rapprochent l’un de l’autre, j’essaye de tendre un peu plus l’oreille pour ne pas en louper une miette.

Quelle idée PONCHEL de raconter que la porte avait déraillé ! C’était sur qu’il n’allait pas nous croire ! Dit Raymond.

Quoi qu’il arrive, il nous aurait enquiquiné, tu sais comment il est… accuse PONCHEL.

Nous voilà dans de beaux draps ! 

Les 2 hommes se taisent et semblent attendre patiemment le retour de GOBERT.

Quelques minutes se sont écoulées quand je distingue à nouveau le Chef GOBERT qui s’approche d’un pas rapide accompagné de 3 hommes. Arrivé devant nos 2 voleurs il leur dit :

Le Chef MARTIN vous ordonne de nous suivre jusqu’à son bureau. Vous vous doutez évidemment qu’il est dans une colère noire, je vous conseille de vous exécuter. GOBERT s’adresse ensuite à l’agent qui était chargé de les surveiller pendant son absence. BOULE, consigner les paquets et rejoint nez nous au bureau du PCT.

Bien Chef, repondit l’agent BOULE ».

DESON et PONCHEL se mettent en marche et tous se dirigent vers les bâtiments de la gare de triage.

Je regarde mon pépère s’éloigner. C’est dommage, je n’ai pas eu l’occasion de m’approcher un peu plus de lui. J’aurais bien aimé reste un peu avec, il me manque tellement.

Interrogés au Bureau du Chef MARTIN, les deux hommes sont ensuite conduit, dès le 10 septembre 1948 au soir, au commissariat de police de Châlons-sur-Marne. Selon le jugement du Tribunal de Grand Instance du 29 octobre 1948, mon grand-père et ces deux coéquipiers (bien évidemment ils ont dénoncé le 3ème homme !) écopent d’un mois de prison avec sursis et 500 francs d’amende.

DESON Raymond

Mon grand-père sera révoqué de la SNCF suite a cet incident. Il aurait pu faire une belle carrière mais l’erreur est humaine.

A cette époque, mon grand-père est marié à ma grand-mère Ginette Marie Germaine LEFEBVRE depuis le 26 décembre 1946. Ma tante Michelle arrive le 5 juillet 1947. En 1948, ils habitent tous les 3 à Châlons, Rue Emile Schmitt.

DESON Raymon, Michelle et LEFEBVRE GinetteLes voici tous les 3 fin 1947, début 1948.

J’ai pu découvrir cette page de la vie de mon grand-père grâce à  ses documents de carrière transmis par les archives de la SNCF à Béziers.

5 réflexions au sujet de “4ème #RDVAncestral : 10 septembre 1948”

    1. Connaissant son tempérament, j’ai été très surprise de découvrir cette histoire ! Mon grand-père a terminé sa carrière comme agent des Ponts et Chaussées. Je ne connais pas exactement son parcours professionnel d’ailleurs, c’est à creuser ! Merci Guillaume ☺️

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