Grande Guerre

#GastonLEGER, les recherches continuent !

En attendant de pouvoir rendre visite à Gaston à l’Ossuaire de Douaumont, je continue les recherches sur sa vie militaire et personnelle.

Ces derniers jours, plusieurs documents sont venus étailler son parcours :

  • Le jugement déclaratif de son décès rendu par le Tribunal Civil de Châlons-sur-Marne le 29 juillet 1921 (Côte 8U 657 aux AD51). Ce document, préimprimé, indique que l’enquête diligentée par le Ministre de la Guerre n’a pu affirmer que Gaston était bien décédé mais que vu les circonstances de son disparition, il y a lieu de le considérer comme « Mort pour la France ».
  • Les copies des documents conservés par le Service des Archives Médicales et Hospitalières des Armées (SAMHA). Gaston a été bléssé 2 fois au cours de la période 1914-1917. Il n’est fait mention qu’une seule blessure. Celle survenue le 20/03/1915 aux Eparges (55). Ces documents nous apprennent qu’il a été envoyé à l’Hopital Temporaire n°1 de Verdun du 21/03/1915 au 3/04/1915 pour une plaie au crâne causée par un éclat d’obus. Il a été installé dans la salle Michel Lévy, lit n°23.
  • Le Bureau de la gestion des ordres nationaux et de la Médaille Militaire (service décoration des archives de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur) n’a pas de trace d’une concession de Médaille Militaire pour Gaston. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il ne l’a pas reçu. Le bureau m’a conseillé de me rapprocher des Archives Départementales du lieu de recensement (Marne) afin de vérifier qu’elles ne disposent pas de documents.
  • L’inscription de Gaston sur une plaque commémorative financée par l’Amicale des Anciens Elèves, des frères et des écoles libres de Châlons-sur-Marne Elle est installé au Collège Notre-Dame Perrier, dans l’ancien Couvent des Recollets (je remercie très sincèrement Monsieur Alain GIROD qui m’a transmis la photo).
Extrait du jugement déclaratif de décès – Archives Départementales de la Marne – 8U657
Extrait du registre de l’Hopital Temporaire n°1 – période du 24 décembre 1914 au 23 juin 1915 – Services des Archives Médicales et Hopitalières des Armées
Plaque commémorative au Collège Notre-Dame Perrier de Châlons-en-Champagne – photographie prise par Alain Girod.

J’ai donc encore beaucoup de recherches complémentaires à faire pour compléter la vie de Gaston !

Grande Guerre

Grande Guerre: rendre hommage aux aïeux disparus

Ceux qui me connaissent savent que j’affectionne particulièrement le début du 20ème siècle et ce grand conflit qui a bouleversé la vie de millions d’européens : la Première Guerre Mondiale.

Dans un article rédigé en 2017 « il y a 100 ans, le 26 août 1917 », je vous avais parlé de Gaston LÉGER, le frère de mon arrière-grand-père Marcel, disparu à Beaumont-en-Verdunois (Meuse, village disparu). A ce jour, son corps n’a toujours pas été retrouvé ou alors, il repose dans parmi les 130 000 soldats inconnus de l’ossuaire de Douaumont (Meuse) proche du lieu de disparition de Gaston.

L’ossuaire de Douaumont, vous connaissez ? De nom sûrement et visuellement sans doute. Cette nécropole nationale, située à une dizaine de kilomètres au nord de Verdun, est le symbole de l’amitié franco-allemande, décor de la fameuse poignée de main entre François Mitterand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984. Ce monument rassemble les dépouilles de 130 000 soldats inconnus français et allemands, 16 142 tombes de soldats français identifiés et une tombe d’un soldats allemand identifié. Ces soldats sont tous tombés sur les champs de bataille aux alentours de Verdun.

Ossuaire de Douaumont – crédits photos www.verdun-douaumont.com

Dans le cloître de l’ossuaire, près de 4 000 pierres ont été gravées aux noms d’aïeux disparus sur les champs de bataille de Verdun.

C’est avec une immense fierté et beaucoup d’émotions que mon cher Gaston rejoindra ses frères d’Armes dans ce haut lieu de mémoire à la fin de l’année, si la crise sanitaire que traverse le pays ne repousse pas ce délai.

La Fondation de l’ossuaire propose, encore aujourd’hui, d´honorer la mémoire d’un aïeul en faisant graver une pierre à son nom, prénom, dates de naissance et de décès/disparition ainsi que son régiment d’affectation au moment de sa perte. 2 conditions doivent être respectées : l’aïeul ne doit pas avoir de sépulture et il doit être tombé sur les champs de bataille de Verdun.

Cette gravure est payante et comprend les frais administratif, l’achat des matériaux (70,00€) et la gravure des lettres et signes (8,00€ l’unité).

Pour cela il faut envoyer un mail à l’adresse suivante : communication.ossuaire@gmail.com, avec un maximum d’informations sur cet aïeux. Pour appuyer ma demande, j’ai joint les documents justifiant le décès de Gaston (sa fiche de matricule militaire, sa fiche « mémoire des hommes », la copie de la transcription de décès dans les registre d’état-civil de la ville de Châlons-en-Champagne ainsi que l’extrait du journal officiel de 1923 mentionnant son décès). J’ai ensuite reçu un formulaire de demande d’inscription à compléter. De son côté, la fondation vérifie les informations communiquées et fait des recherches complémentaires pour s’assurer que l’aïeul en question n’a effectivement pas de sépulture. Enfin, j’ai reçu le devis à signer pour finaliser cette démarche.

C’est avec grand plaisir que ma famille et moi, nous pourrons visiter ce lieu solennel et honorer la mémoire de Gaston pour qu’enfin Gaston ne soit plus oublié…

Je ne manquerais pas de vous partager cette journée !

#Généathème

#geneatheme de Mars : ces objets venus d’une autre époque

Chaque mois, Sophie BOUDAREL, auteure du blog « La gazette des Ancêtres « , propose un thème d’écriture pour dynamiser nos blogs. En ce mois de mars 2020, le thème célèbre les objets familiaux, leur histoire et leur transmission.

J’ai lu plusieurs articles rédigés par les généablogueurs, c’est un vrai plaisir de découvrir les petits (ou volumineux parfois) trésors laissés par nos chers ancêtres. J’ai vu des meubles, des montres, de la vaisselle, des documents, bref, des objets en tout genre. Et on sent bien que ces objets sont choyés, mis en valeur ou bien cachés parfois, remisés pour être certain que ni le temps, ni un accident viennent abîmer ces petits trésors.

J’aurais aimé vous partager les savoirs que mes ancêtres m’auraient transmis, ces gestes méticuleux rodés par leur expérience. Ou bien, l’entreprise familiale transmise à la suite d’une longue formation parce que la petite affaire qu’avait créé le grand-père ne se cédait pas facilement. J’aurais posé fièrement devant les portes de l’établissement, juste en dessous de l’enseigne et peut-être même en costume d’époque. Ceci ne relève que d’un doux rêve. Quoique, ce rêve aurait pu devenir réalité si le projet de Jules (évidemment ! Vous en doutiez ?) avait pu voir le jour ! Non, non, ne me suppliez pas, je vais vous raconter l’histoire.

Fin 19ème, Jules GASNAL, est épicier à Avize (Marne), avec sa femme Blanche. Depuis le début des années 1890, il acquiert des parcelles de vignes sur le territoire de la commune voisine d’Oger. Il est également représentant du Syndicat Viticole d’Avize auprès de la Fédération des Syndicats de Vignerons.

Jules est inventif et visionnaire. Il aime sa Champagne d’adoption et le précieux élixir élaboré donc nos vignobles. Le 14 janvier 1899, il dépose auprès du Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes un brevet d’invention d’une tour-bouteille de la forme d’une bouteille de Champagne. Son objectif est de construire cette tour-bouteille, en Champagne, pour l’exposition universelle de 1900 et qu’elle devienne la vitrine du savoir faire local Champenois au niveau national et espère même un rayonnement international. Pour appuyer son idée, il demande à Monsieur PIQUART, Architecte à Epernay (Marne) d’établir un plan détaillé de la tour ainsi qu’un devis estimant le montant des travaux. Il édite un argumentaire illustré des dessins de Monsieur PIQUART qu’il diffuse aux négociants en vins de Champagne. Il leur propose de s’associer à lui pour que cette bouteille face la renommée internationale du vin produit dans nos coteaux. Haute de 77 mètres, constituée d’une armature en fer et d’une enveloppe en verre, Jules veut que cette bouteille, et je le cite, « attire l’oeil des plus myopes et captive la vue des plus indifférents ». Il souhaite que les négociants champenois puissent y vendre leur précieux breuvage, de faire découvrir aux visiteurs la fabrication du vin au travers d’un musée viti-vinicole et enfin, qu’ils puissent profiter d’une vue imprenable sur les coteaux champenois lorsque ces derniers monteraient dans le bouchon transformé en observatoire. Grâce à ma Grand-mère paternelle, ce document est en parfaite état encore aujourd’hui.

Malheureusement, l’aventure s’arrête ici. Je ne sais pas à combien de négociants ce projet a été présenté mais toujours est-il qu’ils ne l’ont pas suivi. Était-ce considéré comme un projet trop risqué ? Jules était-il trop rêveur ? Ou simplement est-ce à cause de son statut social ? C’est bien connu que par chez nous, les propriétaires terriens et surtout vignerons n’aiment pas vraiment faire affaire avec ceux qui ne viennent pas du cru. Jules est un enfant abandonné, arrivant en Champagne vers 1880 et marié à une femme des alentours. Jules est parti de rien, il a probablement fait de bonnes rencontres qui lui ont permis d’exprimer ses idées et ses projets. Il déposera 2 autres brevets d’invention : un monoplan ballon (sorte de ballon dirigeable) et un remède contre le phylloxéra (puceron qui détruit les plants de vignes). Dans les années 1920, Jules possède plus d’un hectare de vignes et devient négociant en vins de Champagne. Il s’éteint le 28 décembre 1928, à Avize. Ses enfants ne reprendront pas les terres viticoles, déjà bien occupés par leur métier respectif.

Si vous voulez savoir si vos ancêtres ont déposé des brevets d’inventions, vous pouvez faire une recherche sur la bases dédiée de l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle): BASE BREVETS

La demande d’une copie d’un brevet est payante (Brevets 1791-1901 : 4,50€ en basse définition et 30,00€ en haute définition / Copie d’une demande de brevet 15,00€ – il faut vous rendre dans l’onglet Services et prestations.). Un mail bien utile : recherches_brevet@inpi.fr

Tests ADN

Les tests ADN généalogiques, c’est parti !

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J’ai lu pas mal d’article sur les tests ADN généalogiques et on ne va pas se mentir, il y a du pour et du contre évidemment. Au début, mes sentiments étaient partagés. J’avais envie de connaitre mes origines ethniques mais à la fois, la diffusion de mon ADN et son exploitation me faisait peur.

En avril 2019, mon cousin Benjamin (le fils de la cousine germaine de mon grand-père paternel, vous me suivez toujours ?) avec qui je partage la même passion, a franchi le cap chez MyHeritage et s’est lancé dans l’aventures des tests ADN généalogiques. Après quelques discussions avec ce cousin et ma famille, nous sommes tombés d’accord : ON Y VA !!

En novembre dernier, j’ai commandé 5 tests chez MyHeritage : 1 pour ma grand-mère paternelle, 1 pour mes 2 oncles paternels, 1 pour mon père et un pour moi.

Les objectifs de ce test :

1/ Assouvir notre curiosité à « petit prix »

C’est trop tentant de faire ce test qui, chez MyHeritage, est à un prix abordable surtout en période de promotion (nous l’avons obtenu à 49 € hors frais d’envoi du test vers le laboratoire aux Etats-Unis pour 5 € en sus environs). C’est une première approche, peu cher, qui pourra être complétée avec d’autres tests plus tard.

2/ Connaitre nos origines ethniques

Les résultats tant attendus vont nous permettre de découvrir nos origines ethniques. Nous allons voir si mes recherches généalogiques concordent avec les résultats du test ou si au contraire, ils sont totalement différents de ce que j’ai pu découvrir.

Pour synthétiser le plus possible ma généalogie (je ne sais pas si c’est vraiment possible ça !) :

Pour la branche paternelle, mes ancêtres jusque 1750 sont à 80% nés en France. Les 20% restants sont nés en Belgique, Allemagne, et Suisse. Comme bon nombre de généalogie, j’ai un enfant trouvé, Jules GASNAL, le grand-père paternel de ma Mamie (celle qui a fait le test ;).

Pour la branche maternelle, je remonte facilement jusque 1650 dans la Marne et la Meuse, avec une seule naissance hors mariage vers 1850 d’un enfant légitimé à 13 ans par le mariage de sa mère avec son « père ».

Je suis marnaise et les ascendants sont bien installés dans les départements suivants : Marne, Meuse, Aisne, Ardennes, Alsace, Creuse et Loire Atlantique au moins jusque 1750 (soit au moins la 8 générations) avec des métiers essentiellement terriens.

3/ L’aspect biologique et transmission génétique

En faisant ce test avec mon père, mes oncles et ma Mamie, nous espérons avoir une idée des origines qui ont été transmises et de pouvoir les identifier clairement. Quel patrimoine génétique ma grand-mère a-t-elle transmis à ses fils puis à moi ? Arriverons nous a identifié le patrimoine génétique de mon grand-père paternel par les résultats de la Fratrie ? Nous avons beaucoup d’interrogations sur les 3 frères : est-ce que les parents transmettent les mêmes origines ethniques au pourcentage près ? Les origines sont-elles transmises différemment ? si oui, comment ?

 

Pendant l’attente interminable des résultats (bon d’accord, 4 semaines, ce n’est pas a mer à boire…), je me suis procurée le guide édité par Archives & Culture « L’ADN, un outils généalogique » écrit par Nathalie JOVANOVIC-FLORICOURT pour être sûre de ne louper aucunes infos !

Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour éplucher les résultats ! J’ai hâte de vous les présenter !

À bientôt,

Emeline.

Pour l’heure, je n’ai reçu que 4 résultats, il manque les résultats d’un de mes oncles qui a fait les tests en décalé.
#ChallengeAZ 2018

#ChallengeAZ – Z comme Zest d’histoires personnelles

A Châlons-en-Champagne, le 30 novembre 2018.

Lettre d’Emeline LEGER à Marcel LEGER, Jules GASNAL, Philoxime DESON et Fernand LEFEBVRE, ses arrière-grands-pères et poilus.

Z histoires personnelles

Photographies personnelles – en haut à gauche : Marcel LEGER / à droite : Jules GASNAL
en bas à gauche : Philoxime DESON / à droite : Fernand LEFEBVRE

 

Mes chers Poilus,

Il y a tant de mots que j’aimerais vous dire et de questions à vous poser.

Ce Challenge, je l’ai fait avant tout pour vous, pour vous rendre hommage une dernière fois avant que la page des commémorations du centenaire de cette terrible guerre se referme définitivement. Bien sûr, elle continuera d’être racontée dans les manuels scolaires, transmises par des passionnés mais généralement dans une globalité impersonnelle. Grâce à la célébration de ce centenaire, je me suis rendu compte qu’au-delà des faits historiques, il y avait des millions d’histoires personnelles de ceux qui ont fait la Grande Guerre. C’est vous, petits soldats de deuxième classe, par vos obligations, par votre obéissance, par votre patriotisme aussi et parfois votre folie, qui avez porté la Première Guerre Mondial à bout de bras. Vous êtes revenus de l’enfer, blessés, meurtris, fous, changés, peut-être avec le sentiment que vous n’aviez plus votre place parmi les vivants. Notre devoir est de vous raconter encore pour ne pas oublier vos sacrifices, les sacrifices de millions d’hommes.

A toi, Marcel,

Blessé, te voilà trépané à 21 ans. Comment peut-on vivre avec 20% de la boite crânienne en moins ? Ton courage sera cité à l’ordre du 76ème régiment d’infanterie « Fusillier mitrailleur très brave le 16 avril 1917 au Bois des Buttes, a été blessé au cours d’une attaque faisant courageusement son devoir ». Tu recevras la Croix de Guerre. Tu t’essayeras à plusieurs métiers, jusqu’à trouver ta voie dans la Police Municipale en 1929 où l’on te confie la surveillance des promenades du Jard à Châlons-sur-Marne. Très apprécié de tes collègues, des membres de l’amicale des mutilés de guerre et de la municipalité de Châlons, ton décès, le 31 mars 1931, affectera tes proches. Un hommage te sera rendu à tes obsèques le 5 avril suivant, jour de tes 35 ans, par une foule de personnalités de la Commune et d’anonymes.

A toi, mon cher Jules,

Blessé lors de la bataille de la Marne, le 6 septembre 1914, tu ne perdras pas ton sens de l’humour ! « Les allemands m’ont fait un deuxième trou de balle ! » disais-tu. Prisonnier le 29 janvier 1915, tu seras rapatrié au dépôt de ton régiment le 8 décembre 1918 et démobilisé le 1er août 1919. Tu retourneras à Avize, chez tes parents à 27 ans. Mathilde ne t’attendra pas. 20 ans après ton retour, tu seras de nouveau mobilisé en 1939, pour une courte durée heureusement. Ta fille et tes petits-fils garderont une image douce et tendre de toi.

A toi, Philoxime,

4 ans de Guerre, 4 ans de tortures psychologiques pour toi. Mobilisé dès le 1er août 1914, tu intégreras le célèbre 25ème Régiment d’Artillerie de Campagne en janvier 1916. Le 4 mars 1919, tu rentras enfin près de ta femme et de tes enfants. Le 26 avril 1931 tu seras interné à l’hôpital psychiatrique de Prémontré (Aisne) où tu décèderas le 18 mai 1931. « J’ai voulu me faire du mal. Je ne peux pas manger car je n’ai plus rien du tout dans mon ventre, plus de cœurs, plus d’estomac, plus d’intestins… » Extrait de l’entretien avec le médecin psychiatre en mars 1931.

A toi, Fernand,

Poilus de la dernière heure, ta motivation devait être conduite par tes convictions. Après 4 ans dans la Marine, tu reviendras à la vie civile en 1921. Cheminot, père de 11 enfants, tu t’éteindras le 24 avril 1956 a l’aube de tes 56 ans.

Et enfin à Gaston LEGER, disparu le 27 août 1917. Je pense souvent à toi. Je fais en sorte que l’on ne t’oublie pas.

A vous, mes aïeux, mon sang, mes racines,

Vous n’êtes pas dans les livres d’histoires mais votre vécu rejoint l’Histoire de France et du Monde. 

Affectueusement,

Emeline

#ChallengeAZ 2018

#ChallengeAZ – Y comme Yeux Bleus

A Goudelancourt-les-Pierreponts (Aisne), 11 novembre 1918.

Lettre de Berthe HINCELLIN épouse DESON à son mari Philoxime.

Yeux bleus

Les yeux bleus de Raymond DESON, 5ème enfant de Philoxime ayant les mêmes yeux que lui.

 

Mon tendre époux,

J’ai appris ce matin que cette maudite guerre qui m’a éloigné de toi est terminée. C’est fini. Nous allons te retrouver, les enfants et moi. Quelle joie ! Je vais à nouveau pouvoir me plonger dans tes yeux bleus intenses, profonds, somptueux. Nous allons reprendre le cours de nos vies, ta présence dans notre foyer me manque tant. C’est si triste ici. J’imagine qu’à ton retour la neige cessera de tomber, nous passerons nos soirées d’hiver près du feu et au printemps, les fleurs repousseront sur nos terres meurtries, les oiseaux chanteront et nous pourrons contempler ensemble ces moments délicieux. Je pourrais voir mon reflet dans tes beaux yeux bleus, ceux que j’aime tant, remplis d’amour, de joie et de bienveillance. Les enfants pourront enfin te connaitre vraiment, pas seulement dans ce que je leur dis de toi.

Tu me manques tant.

Je t’embrasse tendrement.

Berthe.

#ChallengeAZ 2018

#ChallengeAZ – X comme Croix de Guerre

A Châlons-sur-Marne, le 27 novembre 1918.

Lettre de René LEGER à son frère Marcel encore au dépôt du régiment.

Mon frère,

Je t’apporte des nouvelles de bon augure. Mes relations au Ministère m’ont informé que Gaston serait éligible à la Croix de Guerre. Bien sûr, avant, il faut savoir ce qu’il en est pour lui. Pour le moment, il est toujours porté disparu. Quand les allemands auront évacué le territoire, les recherches reprendront. Je t’imagine hocher pour me poser d’autres questions, la suite arrive ! S’il n’est pas retrouvé, et j’espère le contraire évidemment, il faudra attendre qu’un jugement soit prononcé pour rendre officielle sa perte. Et avec tous les disparus, cela peut prendre plusieurs années.

Mon cher frère, nous sommes également tous les deux sur la liste pour obtenir cette récompense. Au-delà de cette reconnaissance de la nation pour les sacrifices des combattants, je ne me réjouis pas tant. J’aurais mille fois préféré que cette guerre n’arrive pas et égoïstement que Gaston soit encore auprès de nous et que nous soyons entier.

Je t’embrasse Marcel.

J’espère que tu seras avec nous pour Noël.

René.

#ChallengeAZ 2018

#ChallengeAZ – W comme Warriors

A Giessen, le 7 décembre 1918

Lettre de Jules GASNAL, toujours au camp de Giessen en Allemagne, à ses parents.

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Carte Postale du Camp de Giessen – Site Histoire de Poilus

Mes chers Parents,

L’heure est aux adieux. Nous prenons le train dès demain matin pour la frontière puis nous serons rapatriés en France. Quelle joie !

Ce matin, Bradier et moi avons partagé un dernier café avec nos camarades warriors (cela veut dire soldats en anglais) anglais et américains. Je retiens de ses 3 longues années de labeur, l’entraide, le soutien et la solidarité entre tous les prisonniers, quel que soit la nationalité. On ne se battait plus pour un pays, pour une alliance, il n’y avait plus de couleur de peau ni de langue. Juste des hommes qui survivaient pour la paix du monde.

J’ai appris quelques mots d’allemand, d’anglais et de russe. Je connais un peu leur culture aussi. Cela ouvre l’esprit. Je te raconterais tout cela mon cher papa, je sais que tu seras fasciné.

Je vous embrasse bien fort ! Je suis là dans quelques jours !

Jules

#ChallengeAZ 2018

#ChallengeAZ- V comme Victor

A Grivesnes (Somme) , le 31 mars 1918

Lettre de Philoxime DESON à son fils aîné Victor

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Carte postale – http://www.ancarpost.org

Mon grand,

Par cette jolie carte, je te souhaite un bon anniversaire. Comme j’aimerais être près de toi en ce jour. Je t’ai quitté petit garçon et te voila maintenant âgé de 7 ans Cet un bel âge tu sais, l’âge d’être un grand garçon, d’aider ta maman surtout dans les tâches extérieures, de veiller sur ta sœur et ton petit frère. Il faut aussi aider grand-père et grand-mère aux champs, ils pourront t’apprendre les éléments essentiels sur la nature, les saisons, les cultures. 

Mais parlons un peu de toi. J’aimerais tellement pouvoir être présent à tes côtés. Qu’aimes-tu faire après l’école ? As-tu beaucoup de copains ? Quel est ton plat préféré ? Je suis sûr que ce que te prépare ta belle et douce maman remplie correctement ton petit estomac.

Je t’embrasse mon grand et je pense très souvent à toi.

Ton papa

#ChallengeAZ 2018

#ChallengeAZ – U comme Ultimes jours

Giessen, le 5 décembre 1918.

Lettres de Jules GASNAL, prisonnier en Allemagne, à ses parents.

Retour

Photographie parue dans le journal Excelsior du dimanche 2 février 1919 – www.chemindememoire.gouv.fr

Mes chers parents,

Nous sommes sur le départ ! Je vais revoir la France ! Comme je suis heureux…

Avec mes camarades, nous avons rassemblé le peu d’affaires que nous avions. Nous nous sommes échangés des photographies et des cartes postales pour avoir des souvenirs de notre séjour. Demain, je ferai mes adieux à la famille Liebold. J’espère que nous pourrons correspondre un peu. Je voudrais leur envoyer des produits de France pour les remercier de leur accueil. Les jours ici furent plus doux grâce à eux. Je voudrais leur montrer que notre pays est plein de ressources et que nous avons de merveilleuses choses à manger comme le pain. Je sens d’ici l’odeur du pain chaud qui court dans la Grande rue d’Avize. J’ai tellement hâte de vous retrouver, d’embrasser Bernard et mes petites sœurs, de voir René et de rencontrer sa nouvelle femme. J’ai hâte de retrouver la boucherie et pouvoir servir les fidèles clients. Vous savez, je rêve de m’acheter un appareil pour prendre des photographies ! C’est important de pouvoir immortaliser les moments heureux de nos vies.

Je vous embrasse bien fort !

Je serai là dans quelques jours !

Jules